Le durag chez les femmes : l’héritage afro au service de la puissance féminine.

Autrefois cantonné à l’univers du soin capillaire, le durag s’impose aujourd’hui comme un accessoire de fierté, de style et de résistance féminine. Porté avec audace par de nombreuses femmes noires, il célèbre à la fois un héritage afro profond et une nouvelle forme d’empowerment.

Longtemps invisibilisé dans les narratifs dominants, la femme noire affirme aujourd’hui sa place dans l’espace public durag noué avec force et transforme cet accessoire en symbole politique et esthétique.

Une racine historique : du foulard au manifeste

L'histoire du durag chez les femmes débute bien avant son apparition sur les réseaux sociaux. Dès le XVIIIe siècle, les femmes afrodescendantes des colonies sont contraintes par des lois raciales comme le Tignon Law (1786, Louisiane) de couvrir leurs cheveux en public. Ces tissus, destinés à « masquer » leur beauté et leur statut, seront détournés en acte de style et d’élégance silencieuse.

Avec le temps, le durag entre dans les foyers comme outil de soin capillaire, protégeant les coiffures texturées : tresses, waves, bantu knots, twist-out. Les femmes le portent la nuit, puis en journée, le transformant peu à peu en objet culturel visible.


Style, force, identité : le durag au féminin

Dans les années 90-2000, alors que les hommes du hip-hop popularisent le durag dans la culture populaire, les femmes noires l’investissent d’une toute autre énergie : Aaliyah, pionnière d’un style androgyne chic, le porte en soie dans ses clips. Solange Knowles en fait un accessoire couture dans Don’t Touch My Hair.
Rihanna, sur le tapis rouge du CFDA Awards (2014), marque l’histoire avec un durag scintillant signé Swarovski.
Plus récemment, Doja Cat, Jorja Smith ou Tems mêlent durag, cheveux naturels et esthétique futuriste.
Le durag devient alors un acte politique de beauté : une manière de dire “je suis moi, sans filtre, sans compromis”.

Soin capillaire et amour de soi

Le durag pour femme n’est pas seulement une pièce de mode. Il reste profondément lié aux rituels de soin afro. Maintien des coiffures protectrices. Préservation de l’hydratation et des boucles, réduction des frictions nocturnes
ou Outil de transition capillaire (du défrisage au naturel). Sur YouTube et TikTok, des créatrices partagent des routines “how to tie your durag” et témoignent d’un amour capillaire décomplexé.

Empowerment : du tissu à la tribune

Le durag est aussi une revendication d’espace : il s’invite dans la rue, à l’université, dans les open spaces. Il rompt avec les codes eurocentrés de “neutralité capillaire” ou de “respectabilité” longtemps imposés aux femmes.

Dans les défilés, les publicités, les podcasts et les clips, le durag se fait outil de storytelling visuel. Il parle de sororité, d’héritage, de transformation. Il est la coiffe des reines d’aujourd’hui.

Le durag au féminin, aujourd’hui

En 2025, le durag chez les femmes n’a jamais été aussi visible. Il incarne une nouvelle forme de beauté : libre, assumée, héritée.

Porté sur une afro libre ou des tresses soignées, noué avec style ou utilitaire, le durag est bien plus qu’un accessoire : il est un miroir de l’histoire noire, une arme douce au service d’une puissance féminine en pleine affirmation.

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