Durag & Scène musicale : de l'accessoire capillaire à l'étendard culturel

Longtemps cantonné aux routines capillaires et à l’intimité des chambres afrodescendantes, le durag a depuis conquis la rue, les défilés de mode… et surtout la scène musicale. À la croisée du style, de l’identité et de la revendication, ce morceau de tissu devenu symbole transcende les générations et les disciplines artistiques. Zoom sur un accessoire devenu manifeste.

Du soin capillaire au micro : une histoire enracinée

Inventé au début du XXe siècle, le durag était initialement utilisé pour préserver les coiffures protectrices afro (waves, tresses, locks). Dans les années 1990, il devient l’uniforme visuel du rap US. Nas, Jay-Z, 50 Cent : chacun l’arbore fièrement dans clips, shootings et concerts. À l’époque, ce n’est pas encore un choix esthétique, mais identitaire.

« C’était un statement, un marqueur de rue, un code. Le durag disait : je suis noir, je suis moi, et je n’ai pas à me conformer », raconte Darnell Price, styliste hip-hop et auteur du livre Style & Résistance.

Génération Z : entre héritage et renouveau

Depuis 2020, une nouvelle génération d’artistes — plus connectée, plus consciente — s’approprie le durag pour ce qu’il représente mais aussi pour ce qu’il inspire. Burna Boy, Central Cee, Little Simz, Aya Nakamura, ou encore Dinos utilisent le durag non seulement comme accessoire de scène mais comme vecteur d’esthétique visuelle.

Le durag est désormais mis en valeur dans des campagnes de marques de luxe (Fenty, Balenciaga, Casablanca), remixé en velours, métallisé, orné de strass. Il devient fashion statement autant que code culturel.

🎙️ « Le durag, c’est la couronne moderne du roi et de la reine urbains », confiait l’artiste Tiakola dans une interview pour Booska-P. « Il protège nos cheveux, notre énergie et notre art. »

Instagram et TikTok : la montée de l’UGC identitaire

Sur les réseaux, des milliers de jeunes partagent leur routine capillaire avec fierté. Les hashtags #DuragFashion, #DuragStyle ou #SilkyDurag comptabilisent des millions de vues. L’esthétique “waves progress” devient virale. C’est le triomphe du content générationnel : tutoriels, photos avant-après, chorégraphies stylées avec durag en soie brillant sous les néons.

Les marques comme Durag-Wave, SatinSociety ou RoyalRagz surfent sur cette vague, encourageant les contenus générés par les utilisateurs (UGC) pour asseoir leur légitimité. Le message est clair : "Nos produits ne sont pas juste beaux — ils font partie d’une culture vivante."

Accessoire ou drapeau ?

Plus qu’un bout de tissu, le durag est aujourd’hui un symbole à plusieurs niveaux :

  • Patrimoine afrodescendant

  • Acte de résistance

  • Instrument de style

  • Code esthétique musical et visuel

C’est aussi une réponse directe à ceux qui, dans les années 2000, ont tenté de l’interdire dans les institutions, le qualifiant de “gang-affiliated”. Chaque apparition d’un(e) artiste avec un durag aujourd’hui est une revanche silencieuse.

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